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Avancée technologique à Madagascar - Les drones révolutionnent l'accès aux intrants de santé !

Publié le vendredi, 28 octobre 2022
Avancée technologique à Madagascar - Les drones révolutionnent l'accès aux intrants de santé ! Crédit photo : Aerial Metric

Doucement mais sûrement ! Les nouvelles technologies de la santé commencent à trouver leur place à Madagascar. Les drones, par exemple, permettent désormais de sauver des vies et ce depuis ces 3 dernières années. Pour le moment, le manque de budget fait que l'Etat dépend en grande partie du partenariat avec le secteur privé et les organisations non gouvernementales. Toutefois, le ministère de la Santé assure que les nouvelles technologies représentent, inévitablement, le présent et le futur de la santé publique.

 

Depuis le mois de mars 2022, des drones « cargo » survolent le ciel de plusieurs Communes situées dans le District de Toamasina II (Région Atsinanana), dans la partie Est de Madagascar. A bord de ces appareils technologiques sont transportés des intrants de santé comme des médicaments contre le paludisme, des produits de planning familial, des médicaments pour les mères et les nouveau-nés, ou encore des vaccins. Ce District compte 15 Communes rurales et une quarantaine de Centres de santé de base dont la plupart sont difficiles d'accès à cause du mauvais état des routes, entre autres. L'initiative de transporter les intrants de santé par drones s'adapte parfaitement à ce contexte, et ce, dans le cadre du projet IMPACT financé par l'USAID (Agence des Etats-Unis pour le Développement international). « Le projet consiste à la livraison d'intrants de santé au niveau des Centre de santé de base qui sont situés dans les zones enclavées », explique Florent Rakotonirina, coordonnateur régionale du projet IMPACT Madagascar dans l'Atsinanana (Région Est).

Lors du lancement du projet en 2019, la localité de Maroantsera (dans l'Est) a été choisie comme zone pilote. La principale raison de ce choix est la difficulté d'accès de la plupart des Communes situées dans ce District. Après plusieurs mois de lancement, les responsables du projet ont pu noter que le taux de casse et de perte des produits est très faible voire quasiment nul. Les drones sont opérationnels grâce à un accord entre le projet et la société Aerial Metric. Implantée à Madagascar depuis une quinzaine d'années, cette société franco-malagasy est spécialisée dans la conception des solutions aériennes de cartographie pour l'Afrique (et notamment à Madagascar). Depuis 5 ans, elle collabore avec le Gouvernement malagasy et les ONG internationales, pour fournir des drones « cargo » destinés à la livraison d'intrants de santé dans les zones reculées de Madagascar. Le montage des drones est entièrement réalisé à Madagascar.

Un système d'approvisionnement bien rôdé

Les commandes de médicaments effectuées par les responsables au niveau des Centres de Santé de base (CSB II) se font tous les deux mois. C'est donc la fréquence de mise en circulation des drones. Des points de largage sont déjà prévus pour la récupération des médicaments par les membres du personnel de santé. Le largage se fait à l'aide de petits parachutes. Les drones s'immobilisent à environ 30 mètres du sol pendant le largage. Avec une charge maximale de 10 kilos et une capacité de parcours jusqu'à 100 kilomètres, les drones peuvent atteindre les CSB II en une durée de 30 à 40 minutes. 

Auparavant, les agents de santé faisaient le parcours en trois jours minimum pour partir de leur lieu de travail et y revenir avec des médicaments. La durée d'attente peut même s'étendre jusqu'à une semaine. Cela crée un manque au niveau du personnel puisque les centres de santé de base sont aussi confrontés à des problèmes d'effectif. L'usage de ces appareils issus de la technologie émergente s'avère donc révolutionnaire pour les zones enclavées de Madagascar.

Au niveau de la population locale, l'initiative est plutôt très bien accueillie et n'a pas suscité de grandes appréhensions. « Voir des drones survoler le ciel est presque devenu une habitude pour les habitants », soutient Florent Rakotonirina. La première phase du projet est prévue prendre fin vers le mois de septembre 2023. Les autorités gouvernementales devraient prendre le relais par la suite.

La technologie se vulgarise

Du côté du Gouvernement, l'utilisation de la nouvelle technologie suscite l'enthousiasme des responsables au niveau du ministère de la Santé publique. « La livraison d'intrants de santé par drones permet aux zones enclavées d'accéder rapidement aux médicaments », confie le docteur Manitra Rakotoarivony, directeur de la promotion de la santé (DPS) au sein du ministère de la Santé. Et de poursuivre que « pour des raisons budgétaires, l'Etat doit encore coopérer avec le secteur privé pour pérenniser ce genre d'initiative. (…) Par ailleurs, nous devons à tout prix établir une relation de confiance avec les chercheurs malagasy pour les encourager à vulgariser les recherches pouvant servir à améliorer le domaine de la santé publique ». Au mois de septembre 2021, l'Etat malagasy a fait savoir en Conseil des ministres sa décision de recourir aux drones pour acheminer des vaccins et des médicaments anti-Covid-19 dans les zones enclavées. Selon les révélations du DPS, un programme de formation de jeunes techniciens pilotes de drones est déjà en cours. Des formations périodiques sont également dispensées aux membres du personnel de santé, à titre de mise à jour des connaissances et pour une meilleure appropriation de ces outils technologiques.

Les drones ne sont pas les seuls outils de la technologie qui sont utilisés au service de la santé à Madagascar. Dernièrement, le scanner a aussi apporté d'importants changements dans le domaine de la santé car il peut remplacer un long examen clinique. « Le problème est l'absence d'entretien de ces outils technologiques car une fois endommagés, ils ne sont plus fonctionnels », explique toujours le docteur Manitra Rakotoarivony. Depuis quelques années, l'Etat a lancé la caravane médicale qui fait le tour des Régions. Une manière de vulgariser les appareils à la pointe de la technologie dans le domaine de la santé comme la radiographie mobile. Plusieurs hôpitaux malagasy ont également recours aux opérations chirurgicales par visioconférence. Des opérations qui sont réalisées grâce à la coopération avec d'autres pays. Autant dire que technologie et santé se conjugue au présent comme au futur pour la Grande île !

 

Dossier réalisé par Sandra Rabearisoa

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Editorial

  • Vouée à l’échec ?
    Le pays est en plein chantier d’élaboration d’une nouvelle Stratégie nationale pour la lutte contre la corruption (et l’impunité), la SNLCC. Celle qui est en vigueur arrivera à son terme à la fin de l’année en cours après dix ans de mise en œuvre dans la bataille contre cette « ennemie » apparemment imbattable. Mise en selle en 2014, la SNLCC actuelle finira sa course incessamment. Mi-figue, mi-raisin, le bilan de la décennie de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption balance entre un échec et une réussite. Le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI) se trouve dans l’embarras pour traduire la situation exacte. Sahondra Rabenarivo, la présidente du CSI, déplore plus d’une fois l’existence de certains facteurs de blocage dans le processus normal de la lutte contre la corruption. Il existe un dysfonctionnement perçu comme un frein au bon déroulement du système de lutte contre la corruption.

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